Cette journée se résume facilement: marcher le long de la côte. Comme à mon habitude, je me suis levé avant Vince. J'en ai profité pour savourer une ultime fois les cappucinos de leur machine remarquable et rêver d'en avoir une pareille chez moi. Bien sûr, je ne pouvais me contenter d'une tasse, mais vu la différence de temps de préparation entre nos routines, ça n'allait en rien affecter ma performance sur la route. Le Sud-Américain de la veille nous a réitéré son conseil de la veille, de prendre une roulotte dans un camping et d'y passer la nuit. Fort de ce conseil, nous étions sur notre départ, mais pas avant que je souhaite une bonne fête des Patriotes à deux jeunes Québécoises qui déjeunaient là elles aussi.
Pendant les premières heures, nous avons retraversé Nice et finalement, nous avons dépassé l'aéroport. J'étais soulagé d'enfin arriver au-delà de la zone connue, mais pendant un certain temps, nous sommes passés dans une zone extrêmement laide, délabrée, dans laquelle un chauffeur noir à moitié fou nous a vociféré des paroles incompréhensibles pendant qu'on marchait sur le trottoir. Non content de l'avoir fait une fois, il est allé tourner je ne sais où pour revenir nous crier des demi-mots directement du viaduc en bas de notre route.
Libérés de cette zone sinistre, nous avons eu droit à des marinas secondaires, puis rapidement le retour des plages en bord de mer. Ce décor enchanteur était d'autant plus magnifique qu'en regardant vers notre point de départ, on apercevait désormais l'ombre des montagnes plus hautes encore qui entourraient les montagnes de Nice. Couvertes de neige, on apercevait donc les sommets des Alpes tout en étant les deux pieds dans le sable. Ce décor enchanteur a convaincu Vincent de mettre ses pieds nus à l'eau et de marcher avec les vagues entre les orteils. Après l'avoir vu faire un certain temps, il m'a suggéré de l'imiter. Comme je me croyais pas vraiment un type plage, je ne l'aurais pas tenté, mais poussé par Vince, j'ai essayé. Au début, j'étais particulièrement incommodé par le sable dans mes sandales, mais au bout de quelques minutes, j'ai fini par y trouver du plaisir... Quelle expérience enrichissante, je ne voulais plus arrêter; soudainement, je me foutais de retrouver du sable dans mes bagages (hantise personnelle insignifiante!)...
La journée a ensuite pris en longueur lorsque nous avons décidé de nous rendre à Antibes et de ne pas arrêter là où on se l'est fait suggérer pour avoir moins à marcher les jours suivants. Notre chemin nous a mené à contourner une ancienne fortification, avant de s'enfoncer dans la ville à la recherche de l'hôtel recommandé par le Routard. Comme ce dernier était plein, il nous a, avec son diplôme d'entregens, pris des mesures pour nous trouver de l'espace à Juan les pins, la ville voisine. Toutefois, une heure de marche plus tard, on se retrouvait à destination, mais aussi en pleine zone balnéaire... Ce que ça implique? Que les plages gratuites font place à des terrasses en bord de mer dont le simple accès est A) coûteux et B) limité à avant 18h, notre heure d'arrivée. Déçus et épuisés (mais satisfaits de la marche), nous sommes rentrés bredouilles (sans savoir que la plage gratuite était 20m plus loin)...
De retour à l'hôtel, j'ai découvert qu'en plus des deux points déjà brûlés que j'avais au front, j'avais les bras et les jambes marbrées à cause de mon manque d'épandage de crème solaire. Bien évidemment, j'ai compris qu'il fallait que j'évite de reproduire cette souffrance, qui m'empêchait de prendre une douche de plus de deux minutes (que Vince compensait largement par ses longues douches)... Parlant de lui, il s'est tapé une autre séance de général d'infanterie en observant ce qu'on ferait ensuite. Il m'annonçait que pour pouvoir poursuivre à une telle cadence, il faudrait faire, après une journée de repos, 50km pour pouvoir garder la cadence et finir à temps notre plan. La fatigue de ce jour semble un présage assez odieux d'une pire journée encore... Mais aussi épuisantes soient-elles, nous avons eu des images plein la tête... Dans nos délires de fatigue, nous nous en faisions une nouvelle: d'aller faire un festival de la canne de Noël à Cannes et d'en refiler aux festivaliers. Le sommeil n'a pas été dur à trouver, ce soir-là...
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